Dans le genre d’éternelle discussion sur laquelle pas grand monde n’arrive à se mettre d’accord, essayez donc, lors d’une banale rencontre entre gens bien élevés, de glisser « oh, moi, les tags, finalement j’aime bien »… et c’est parti ! Pourtant, de Rome à Ouglitch, d’Amsterdam à Reykjavík, de Paris à Venise, et j’en passe, partout vous retrouverez ces signatures, ces dessins sur les murs… Qu’ils soient élégants ou griffonnés, ils apportent parfois un peu de sourire sur des murs tristes. Tenez, vous arrivez de votre province bien verdoyante et ensoleillée et vous entrez dans Paris, c’est déprimant, non ? et bien, regardez, et par endroits c’est comme un sourire de bienvenue au milieu de la grisaille de ces murs anti-bruit.
Parfois, tags et graffitis se mêlent aux vieilles pierres, comme à Apt, près de ce lieu de fouilles en plein centre ville… Ou bien ce sont les municipalités qui ont décidé d’illustrer leurs célébrités, leurs traditions, comme à Villefranche sur Saône avec le mur des conscrits, à Clochemerle (Vaux en Beaujolais) avec la maison sortie tout droit du livre de Gabriel Chevallier, ou dans ce petit quartier d’Albi…
Je vous l’accorde, certains feraient mieux de s’abstenir de taguer, mais mais mais… Certains tagueurs sont vraiment extraordinaires, lorsqu’on leur laisse le temps de s’exprimer ! Dans Reykjavik, cet endroit pour « la glisse », superbe de couleurs, d’idées… ou au hasard des rues, de vrais tableaux sur les murs, entre deux portes…
A Paris, tout un quartier est ainsi peint, décoré, tagué, parfois avec bonheur, parfois moins agréable à l’oeil, mais toujours plein de vie… à Besançon, au hasard du quartier Battant… Des jeunes, créatifs, qui ont eu envie de sortir les murs de leur tristesse, ou de profiter de la décrépitude d’un coin de rue…
Certains sont voulus, signés de « vrais » peintres, d’autres sont de belles promesses de créativité, certains sont franchement nuls, jetés sur un mur pour (peut-être) juste le plaisir de salir…
il y a les sombres et les joyeux… et ceux qui nous parlent d’un certain mal-être, de la réalité de notre monde aujourd’hui…
Écoutons les murs… les artistes ne sont pas tous enfermés dans les musées (parfois, je me demande d’ailleurs ce que certains y font), ou sur les murs dans nos églises… Autrefois, « on » racontait au peuple illettré la bonne parole, religieuse évidemment, avec des tableaux devant lesquels nous nous extasions aujourd’hui, et avec raison !,
mais qui sait si demain ce ne sera pas devant ces graffitis et ces tags que nos descendants s’extasieront ? Heu… pas devant tous, je suis d’accord !