Voilà bien longtemps que je souhaitais visiter Cluny, ce haut lieu historique, fait de spiritualité (merci Papa !) et, du moins je l’imaginais ainsi, de beauté et de calme. Bon, autant le dire tout de suite pour celles et ceux qui ne sont jamais allés à Cluny, côté architecture, même avec le film en 3D qui débute la visite, il faut beaucoup d’imagination lorsqu’on se retrouve devant ce qui fut la plus grande abbaye de l’Histoire, jusqu’à ce que Saint Pierre de Rome soit construit !
Alors, année 910 début de la construction de l’abbaye, on agrandit à partir de 981, et on en rajoute entre 1088 et 1130, siège de l’ordre clunisien, dépendant directement du pape (pas fous, les moines, ainsi pas de taxes à payer aux ducs, rois et autres taxeurs de l’époque…). Mais tout le monde connaît son Histoire de France, n’est-ce pas, guerres de religion au XVI° siècle, et paf !, déclin de l’abbaye. Richelieu (il est partout, celui-là, autant que Vauban, qui, je le précise tout de suite, n’a pour une fois rien à voir dans les édifices !) ayant entre autres titres celui d’abbé de Cluny… réforme l’abbaye, les moines redeviennent plus sérieux dans leur vie monastique (moins de richesses…). Et re-paf !, la Révolution française. Dissolution des ordres monastiques, les moines se dispersent, on vend les bâtiments comme biens nationaux, et chacun se sert dans les pierres pour construire maisons et fermes… Bref, peu à peu, il ne reste plus de cette abbatiale quelques tours, et surtout des ruines !
Mais… Prosper (Mérimée) arrive au XIX°, et ouf !, les ruines sont classées monuments historiques, et on récupère tout ce qui est récupérable, dont bon nombre de splendides chapiteaux sculptés. Autre coup de chance, Viollet-Leduc n’a pas eu l’idée de se pencher sur la rénovation du lieu…
Bon, Napoléon était passé par là, et dès le début du XIX° avait réussi à faire construire sur le chœur détruit de Cluny des écuries pour les chevaux (c’était un spécialiste, il a fait pareil dans les chapelles du cloître des Jacobins à Toulouse…). Et, comme partout où s’est construit ce genre d’édifice, tout autour, le « peuple » s’installe, d’abord les ouvriers pour la construction, puis l’activité économique engendrée par l’abbaye fait venir les commerces, et le bourg grossit, jusqu’à devenir la petite ville d’aujourd’hui… vous trouverez sur une des maisons une plaque attestant que la famille de Lamartine vient de Cluny, petit coup de pouce supplémentaire à votre journée culturelle 😉 !
Et voilà que s’installe dans ce qui reste de l’abbaye, ou plutôt dans les bâtiments conventuels reconstruits au XVIII° autour du cloître (pas le cloître roman, hélas remplacé par un autre, au XVII° aussi), dans les magnifiques couloirs et escaliers,
une des huit grandes écoles des Arts et Métiers Paris Tech., apportant dans la petite cité de Cluny, vivant tranquillement autour de quelques vieilles maisons restaurées et de l’immense enceinte de l’abbaye (halte sur le chemin de Compostelle, comme l’attestent les coquilles sculptées sur la façade du palais Jean de Bourbon, construit au XV° pour cet abbé),
pas fou, d’ailleurs cet abbé, et adepte du confort : dans sa chapelle privée, où se croisent les regards de têtes célèbres de l’Ancien Testament, il avait fait installer une cheminée…
Donc disais-je, avec l’arrivée des « gadzarts », la cité connaît une belle animation…
J’allais oublier, tout de même, la cité et l’abbaye sont en plein vignoble du Mâconnais, ce qui apporte un charme supplémentaire à une visite culturelle, n’est-ce pas ?
Mais j’y ai retrouvé quelques endroits de calme et de sérénité, souvenirs de lieux autrefois consacrés à la spiritualité. A un moment où justement j’avais bien besoin de retrouver un peu de sérénité.