Décidément, drôle de printemps ! Giboulées de mai, un jour l’été, le lendemain l’hiver… il neige même, neige de fleurs d’acacia qui volent et couvrent le jardin et la terrasse. Par la fenêtre de la cuisine, ce matin, c’était bien joli.
Et un mot en amenant un autre, une idée en apportant une autre, pourquoi ne pas vous parler de fenêtres ? mais pas n’importe quelles fenêtres. Et oui… celles de Venise. Non pas que nous n’ayons pas de belles fenêtres chez nous, mais tant qu’à rêver d’ailleurs…
Au fil de nos déambulations dans la ville, de la plus humble à la plus princière, les fenêtres parfois dévoilent un pan de lumière, nous laissent imaginer les trésors cachés des palazzi. Derrière leurs plantations, les fenêtres gardent le calme secret d’un ancien palais, ou la tranquillité de vie d’une maisonnette dans Cannaregio. Et derrière la vitre du vaporetto, Murano défile un soir de pluie…
Devant ces fenêtres Renaissance les balcons semblent tous attendre (tant pis pour Vérone !) que Juliette et Roméo s’enlacent. Des sculptures ennoblissent des murs décrépits, noircis par le temps, des jardinières soulignent l’élégance d’une belle fenêtre ancienne, des volets entr’ouverts incitent à la rêverie. Qui attend derrière celle-ci ? Qui épie derrière celle-là ? Quelle main entr’ouvre ce rideau ? Pourquoi ici cette tristesse, cet abandon ? Quelle fête se prépare sous ces lustres allumés ? Et quel mystère se cache derrière ces ouvertures ovales accolées aux portes ? Elles doivent bien avoir une fonction, un nom, et certaines sont si belles !
Pour le voyageur curieux, c’est tout un livre d’histoires qui défile…
J’ai dit « curieux », je n’ai pas dit « voyeur »…
« Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. » (Petits poèmes en prose, C. Baudelaire)